Rodolphe TESTUT
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RODOLPHE TESTUT : JE ME SOUVIENS DE TOUT
On avait laissé Rodolphe Testut sur « Jure sur ma tête », premier album émouvant et terriblement attachant. Quatre ans plus tard, on le retrouve avec ce « Je me souviens de tout » et, en effet, il s'est souvenu de tout.
Tout ce que l'on aime chez lui : ces chansons personnelles et intimes qui trouvent immédiatement un écho chez celui qui les écoute, ces arrangements subtils et élégants, ces refrains qui, l'air de rien, s'insinuent en toi et ne te lâchent plus.
« Je me souviens de tout », ou douze chansons comme douze amies. La pop n'est jamais aussi passionnante que lorsqu'elle révèle, sous une plume précise et sensible, la formidable complexité des rapports humains. Et Dieu sait que celle de Rodolphe sait la saisir au détour d'un mot, d'une image ou d'une phrase. La profondeur et les vertiges, les petites peines et les doutes, les joies éphémères et les déceptions, Rodolphe connait tout cela. Pas de grands effets de manche chez lui mais une sensibilité, un sens du détail qui emportent tout. A l'instar des ces auteurs américains, de Carver à Brautigan, qui lui ont enseigné l'art de dire beaucoup avec peu, il sait se faire mordant et fragile dans la même chanson, parfois dans le même couplet.
C'est difficile d'être simple, dit-on, et la légèreté sait révéler plus d'intensité que les longs et pesants discours. Comment mieux évoquer un amour perdu que par ces mots : « Te rappelles-tu de mes mains / Sous ton pull coloré? / De nos ombres inséparables / Sur les murs du quartier »? Comment mieux dire l'attente amoureuse que par ce fiévreux « Je crois que je te touche déjà »? Il se souvient de tout, Rodolphe Testut. Les belles années (Porté disparu) et le tatoo sur les fesses d'une jeune beauté (Cadaquès). Les rêves « enterrés comme des amis » (Un jour de plus) et l'enfance à Fumel, petite ville industrielle du Lot-et-Garonne (L'Usine, impressionnante). Mais on n'est pas dans un bouquin de Carver, on est en territoire pop, alors les refrains sont vivants, tel celui de Dans ma tête, qui ouvre l'album et donne le ton. La musique, imaginée et jouée à la maison par Rodolphe et quelques amis (Gilles Davancens, Jezz, Olivier Chauzy, Adrien et Jules des Dodoz...), respire, sent le bois, le vent et la terre. Comme il a été épaulé dans cette nouvelle aventure par l'ami Pierre Rougean, dont on ne dira jamais assez le talent et le flair, ces douze chansons sonnent juste, à hauteur d'homme, et frappent au bon endroit.
Les chansons de Rodolphe Testut sont comme lui : drôles et touchantes, pâles et lumineuses, douces et amères. Le noir et le blanc, on n'a plus tellement l'âge. Ce qui nous importe, ce qui nous fait vibrer, ce auprès de quoi on trouve la chaleur, c'est ce qu'il y a au milieu. On appelle cela l'équilibre.
